Marine LE PEN

Synthèse de la couverture de la SNBC par le programme

Le programme de Marine Le Pen aborde les orientations de la SNBC de façon très partielle. Certains secteurs ne sont pas traités et ceux qui sont abordés le sont de manière limitée. Plusieurs mesures sont même défavorables à la transition et ne permettent pas un abandon des énergies fossiles.

Le programme comporte plusieurs axes cohérents avec la SNBC en matière de décarbonation :

  • En ce qui concerne la production d’énergie, Marine Le Pen soutient le développement du nucléaire et de l’hydroélectricité.
  • La candidate mentionne son soutien au transport ferroviaire et aux mobilités douces.
  • Un plan de soutien étatique à l’agriculture biologique est proposé, mais son contenu et le montant qui y serait alloué ne sont pas précisés.
  • Des “réhabilitations” sont mentionnées concernant le logement, sans qu’il ne soit possible d’en évaluer l’impact. La teneur de ces réhabilitations, le nombre ainsi que les types de logements concernés sont en effet trop peu définis.
  • La relocalisation de certaines industries, peuvent avoir un effet de décarbonation positif. Celui-ci reste toutefois très en-deçà de l’objectif de la SNBC.
  • La candidate prévoit de favoriser le tourisme de proximité, une mesure positive car elle limite les longs déplacements aériens.

Cependant, le programme comporte des lacunes au regard de la SNBC :

  • La question des déchets est complètement absente de la réflexion de la candidate.
  • La gestion des sols n’est vue qu’à travers le prisme de l’artificialisation des terres agricoles.
  • Le programme couvre de façon lacunaire le secteur de l’industrie. L’industrie lourde ne figure pas dans le programme.

A l’opposé, le programme comporte également des mesures allant à l’encontre de la SNBC :

  • La candidate prévoit d’arrêter l’utilisation des éoliennes ; en désaccord avec la SNBC, qui recommande au contraire une diversification du mix énergétique. De plus, son programme porte la volonté d’une énergie peu chère, pouvant entraîner un rebond de la consommation.
  • Le programme propose de diminuer le prix des péages routiers, une mesure favorable à la circulation automobile.
  • Il refuse les interdictions de phytosanitaires qui n’ont pas d’alternatives et veut lutter contre la politique européenne en ce sens.
  • La proposition de développer l’attractivité touristique des territoires ultramarins peut avoir un effet négatif sur les émissions de GES en favorisant le transport par avion.

La plupart des mesures proposées sont incitatives, à l’exemple des réhabilitations de logements ou du soutien aux mobilités douces.
Plusieurs mesures incitent à la sobriété, bien que le terme lui-même ne figure pas dans le programme : plan de mobilité train et mobilité douce, soutien au tourisme local.

En l’état, Marine Le Pen n’adresse que de manière limitée les enjeux de décarbonation. Un livret dédié à l’environnement et à l’énergie est cependant prévu par la candidate, ce qui pourrait lui permettre de remédier à certaines de ses lacunes.

Le Pen SNBC
Le Pen Changements
Le Pen Technologie et Sobriété

Focus par secteurs et mesures phares

Orientations transversales

Empreinte-Carbone

Gouvernance et mise en œuvre

Gouvernance et mise en œuvre

Rappel des orientations de la SNBC

  • Assurer la cohérence de l’ensemble des politiques publiques nationales avec la stratégie nationale bas-carbone
  • Développer des modalités de gouvernance facilitant la mise en œuvre territoriale de l’objectif de neutralité carbone
  • Développer une offre de données permettant la comparaison des trajectoires de transition territoriales avec la trajectoire nationale

À l’échelle nationale, rien n’est proposé par Marine Le Pen pour renforcer la cohérence ou l’évaluation de l’ensemble des politiques publiques nationales vis-à-vis des objectifs de décarbonation conformément aux orientations de la SNBC.

Aucune mention n’est faite de l’évaluation des politiques publiques. De même, le programme n’offre pas d’indications sur l’implication des territoires, échelle d’action pourtant plébiscitée par la SNBC.

Empreinte-Carbone

Empreinte-Carbone

Empreinte-Carbone

Pour mémoire, en 2018 l’empreinte carbone est 1,8 fois plus importante que les émissions territoriales avec une tendance à l’augmentation des émissions importées, au contraire des émissions territoriales qui diminuent.

Rappel des orientations de la SNBC

  • Mieux maîtriser le contenu carbone des produits importés
  • Encourager tous les acteurs économiques à une meilleure maîtrise de leur empreinte carbone

Marine Le Pen ne fait aucune proposition concernant la prise en compte de la dimension climatique par les acteurs internationaux. Si elle propose de revoir les traités de libre-échange, rien n’indique que les aspects climatiques seront pris en compte.

Marine Le Pen ne propose pas non plus d’initiative qui permettrait d’aller dans le sens d’une tarification mondiale du carbone telle que préconisée par la SNBC.

La candidate souhaite favoriser la relocalisation de productions actuellement réalisées à l’étranger. Ces mesures peuvent avoir un impact positif sur l’empreinte carbone de part le mix énergétique français moins carboné que celui de nos partenaires commerciaux. Elle souhaite également favoriser les produits agricoles français. Cette mesure a toutefois une portée limitée quant à son champ d’application (produits alimentaires seulement). Elle fait également l’impasse sur un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, disposition qui pourrait pourtant favoriser les productions locales.

Enfin, l’évaluation de l’empreinte carbone par les acteurs publics ou privés n’est pas évoquée, et la sensibilisation des citoyens à ces enjeux se ferait de manière insuffisante puisque seule la provenance des produits alimentaires serait précisée.

Les mesures proposées n’abordent donc pas les orientations de la SNBC en matière d’empreinte carbone.

Politique Économique

Politique Économique

Politique Économique

L’Institut de l’Economie pour le Climat (I4CE) évalue à 45,7 Mds€ les dépenses d’investissements publics et privés en faveur du climat en France en 2018 et estime que 32 à 41 Mds€ supplémentaires par an seraient nécessaires pour atteindre le budget carbone pour la période 2024-2028.
Rappel des orientations de la SNBC

  • Adresser les bons signaux aux investisseurs, notamment en termes de prix du carbone, et leur donner la visibilité nécessaire sur les politiques climatiques
  • Assurer une transition juste pour tous
  • Soutenir les actions européennes et internationales en matière de finance et de prix du carbone cohérents avec l’accord de Paris
  • Favoriser les investissements dans des projets favorables à la transition bas-carbone, en développant les outils financiers permettant de limiter la prise de risque des investisseurs et en définissant des critères robustes pour déterminer quels sont les projets favorables à la transition bas-carbone.
  • Développer l’analyse des impacts climatiques des actions financées par les fonds publics et des politiques publiques, afin d’en faire un critère de décision. S’assurer que les actions contraires à l’atteinte de nos objectifs climatiques ne bénéficient pas de financement public.

Marine Le Pen n’utilise pas les leviers proposés par la SNBC pour réorienter les flux financiers publics et privés vers une transition écologique et solidaire, et va même à son encontre. Elle propose en effet une baisse de la TVA sur les produits énergétiques (de 20% à 5,5%), ce qui augmente l’attractivité de toutes les énergies, y compris carbonées, et dissuade les investissements pour la transition.

L’affectation proposée de l’épargne des Français vers les secteurs stratégiques et de l’innovation n’est pas spécifiquement orientée vers les domaines contribuant à la transition énergétique.
La suppression des soutiens financiers publics et privés aux projets allant à l’encontre de la réduction des émissions de GES est absente. Aucune mesure ne vient renforcer les actions européennes ou internationales favorables au climat, ni en proposer de nouvelles.

Recherche et Innovation

Recherche et Innovation

Recherche et Innovation

Rappel des orientations de la SNBC

  • Développer les innovations bas-carbone et faciliter leur diffusion rapide, en s’appuyant sur la recherche fondamentale et appliquée

Marine Le Pen souhaite rediriger une partie de l’épargne des Français vers l’innovation. Cette mesure peut avoir un effet favorable sur le climat uniquement si l’innovation concerne des technologies utiles à la décarbonation. Le programme de la candidate ne permet donc pas, en l’état, d’atteindre les objectifs de la SNBC sur la recherche et l’innovation.

Urbanisme et Aménagement

Urbanisme et Aménagement

Urbanisme et Aménagement

Rappel des orientations de la SNBC

  • Contenir l’artificialisation des sols et réduire les émissions de carbone induites par l’urbanisation

La question de l’artificialisation des sols est brièvement traitée dans le programme de Marine Le Pen. Une mesure propose ainsi d’interdire les projets d’urbanisation sur les terres agricoles en privilégiant l’utilisation des friches commerciales et industrielles. La candidate prévoit cependant la possibilité d’une dérogation préfectorale.

De plus, le programme propose plusieurs mesures potentiellement contraires à la SNBC, car risquant d’augmenter l’artificialisation des sols. En effet, la candidate propose de construire des infrastructures de santé, de rétablir les primes d’aménagement du territoire (PAT) pour relocaliser des entreprises (TPE-PME-ETI) ou de soutenir la montée en gamme du tourisme Outre-Mer, qui, sans mesure de contrôle de l’artificialisation des terres, pourraient avoir un effet opposé aux objectifs de la SNBC.

En l’état, les propositions de la candidate concernant les enjeux d’urbanisme et d’aménagement restent donc limitées au regard de la SNBC.
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Urbanisme et Aménagement

Education et sensibilisation

Education et sensibilisation

Rappel des orientations de la SNBC

  • Enrichir et partager une culture du « bas-carbone »
  • Accompagner les citoyens dans leur propre transition bas-carbone
  • S’assurer de l’acceptabilité sociale des mesures de politique publique découlant de la SNBC

La candidate ne prévoit pas de mesure pour éduquer et sensibiliser les citoyens ni pour les accompagner dans leur transition bas-carbone, si ce n’est un étiquetage sur l’origine des produits alimentaires qui pourrait avoir un impact sur la consommation favorable au climat. Les enjeux d’éducation et de sensibilisation ne sont donc couverts que de manière limitée.

Urbanisme et Aménagement

Emploi et Formation Professionnelle

Emploi et Formation Professionnelle

Rappel des orientations de la SNBC

  • Encourager une meilleure intégration des enjeux de la transition bas-carbone par les branches, les entreprises et les territoires pour favoriser les transitions et reconversions professionnelles et le développement des emplois de demain
  • Adapter l’appareil de formation initiale et continue pour accompagner la transformation des activités et des territoires

Le programme de Marine Le Pen ne couvre que de façon limitée l’accompagnement du secteur de l’emploi dans la transition bas carbone.

Des mesures d’attractivité sont proposées dans le secteur de l’agriculture, celles-ci ayant pour objectif de protéger les producteurs agricoles face aux importations et aux marges de la grande distribution. Toutefois, le programme ne prévoit pas d’accompagner le développement de nouvelles compétences pour permettre la transformation des pratiques agricoles.

De manière générale, la candidate ne propose pas de mesure de formation pour faciliter l’adaptation des compétences aux besoins de la transition.

Orientations sectorielles

Transports

Transports

Transports

snbc transportsLe secteur des transports est le premier émetteur de GES en France (environ un tiers des émissions). Ce secteur présente une grande dépendance au pétrole (95% de sa consommation).

Pour décarboner le secteur, qui englobe à la fois le transport de voyageurs et de marchandises, les mesures liées à la technologie (électrification ou passage à des carburants bas carbone) ne suffiront pas. Des mesures d’efficacité énergétique des véhicules et de sobriété (limitation de l’augmentation de la demande, utilisation des transports en commun, du covoiturage, du vélo…) devront être combinées pour atteindre cet objectif.


Rappel des orientations de la SNBC

  • Donner au secteur des signaux prix incitatifs
  • Fixer des objectifs clairs et cohérents avec les objectifs visés pour la transition énergétique des parcs
  • Accompagner l’évolution des flottes pour tous les modes de transport
  • Soutenir les collectivités locales et les entreprises dans la mise en place d’initiatives innovantes
  • Encourager au report modal en soutenant les mobilités actives et les transports massifiés et collectifs (fret et voyageurs) et en développant l’intermodalité
  • Maîtriser la hausse de la demande de transport

Le programme de Marine Le Pen mentionne un plan de développement du secteur ferroviaire et des mobilités douces, en complément de la voiture et de la moto, sans en préciser l’ambition. Si cette mesure ne devait pas réduire l’utilisation des voitures, aucun gain énergétique substantiel n’en résulterait.

Le programme de la candidate comporte quelques mesures qui peuvent participer à une baisse de l’utilisation des transports (tout particulièrement dans le domaine de la santé via la télémédecine et des loisirs via le tourisme de proximité).

Aucune mesure ne prévoit par contre de réduire la part modale des transports routiers ou aériens. L’objectif de baisser de 15% le prix des péages va d’ailleurs à l’encontre de l’objectif de réduction du trafic routier. Le passage du secteur des transports vers des énergies décarbonées n’est pas proposé par le programme. Dans sa globalité, il ne couvre donc les objectifs de la SNBC que de manière limitée pour le secteur des transports.

Présentation d’une mesure proposée pour ce secteur  :

Marine Le Pen prévoit de rendre les transports ferroviaires (sur les lignes régionales et nationales) gratuits aux heures creuses pour les 18-25 ans, dans le but de faciliter le retour dans leurs familles et d’encourager le tourisme de proximité. Le train étant bien moins émetteur que la voiture ou l’avion, cette mesure présente un intérêt pour décarboner la mobilité d’une partie de la population, mais sa mise en place ne garantit pas le changement des usages et son impact devrait rester limité.

 

Les avantages de la mesure en terme de décarbonation

Les jeunes ayant souvent un pouvoir d’achat plus faible que le reste de la population, ils sont une bonne cible pour une mesure visant à réduire le prix des transports les moins carbonés.

 

Les inconvénients de la mesure en terme de décarbonation

Cette mesure est limitée à une classe d’âge en particulier, et surtout à certaines heures de la journée, alors qu’elle aurait pu être élargie. Par ailleurs, elle ne garantit pas un report sur le train depuis des modes plus émetteurs, mais pourrait se limiter à la création de nouvelles mobilités (les jeunes visés n’ayant pas forcément de voiture, cette mesure pourrait simplement les inciter à prendre le train plus souvent ou sur de plus longues distances).

Bâtiments

Bâtiments

Bâtiments

snbc batimentsLe secteur résidentiel/tertiaire a émis à hauteur de 19% des émissions nationales, et 28% en considérant les émissions liées à la production d’énergie consommée dans les bâtiments.

Rappel des orientations de la SNBC

  • Guider l’évolution du mix énergétique sur la phase d’usage des bâtiments existants et neufs vers une consommation énergétique totalement décarbonée
  • Inciter à une rénovation de l’ensemble du parc existant résidentiel et tertiaire afin d’atteindre un niveau BBC équivalent en moyenne sur l’ensemble du parc
  • Accroître les niveaux de performance énergie et carbone sur les bâtiments neufs dans les futures réglementations environnementales
  • Viser une meilleure efficacité énergétique des équipements et une sobriété des usages

La couverture du secteur du bâtiment au travers du programme de Marine Le Pen est limitée. En effet, Marine Le Pen propose une unique mesure sous la forme d’un “plan de réhabilitation de l’habitat ancien”, sans préciser la teneur des réhabilitations.

Par ailleurs, ni les montants des aides financières, ni l’échelle temporelle ne sont spécifiés, ainsi le respect des objectifs de diminution de GES à propos de la rénovation est difficile à évaluer.

Par ailleurs, la question du mix énergétique pour le chauffage des bâtiments tel que l’abandon des chaudières au charbon/fioul et gaz ainsi que l’utilisation de matériaux moins carbonés pour la rénovation ou la construction ne sont pas mentionnées dans le programme de la candidate.

Présentation d’une mesure proposée pour ce secteur  :

Marine Le Pen propose de “lancer un plan de réhabilitation de l’habitat ancien grâce à des aides efficaces”.
Selon la manière dont est comprise la notion “d’habitat ancien”, cette mesure permettrait potentiellement de décarboner une partie du secteur résidentiel. Si nous prenons l’exemple des bâtiments de plus de 20 ans, ils représentent 60% des logements français et près de 85% des émissions de GES de l’ensemble des logements.

 

Les impacts en réduction de CO2 en 2030 / 2050 :

En prenant les hypothèses ci-dessus, on peut estimer que si tous les logements de plus de 20 ans sont rénovés d’ici 2050 (modification du mix énergétique et isolation thermique), la réduction de GES est estimée à plus de 30 MtCO2 par an.

 

Les avantages de la mesure en terme de décarbonation

L’expression “plan de réhabilitation” permet de considérer qu’une rénovation complète des logements est effectuée correspondant à une modification du mix énergétique et isolation thermique des bâtiments. Si ces propositions permettent cela, ce plan de réhabilitation peut réduire les émissions de GES grâce à la diminution de la consommation électrique et à la modification du système de chauffage.

 

Les inconvénients de la mesure en terme de décarbonation

Ni les montants investis ni l’échelle de temps ne sont précisés et les termes vagues utilisés rendent la quantification du nombre de logements effectivement rénovés et l’ampleur des rénovations effectuées difficile à évaluer. La formation nécessaire des professionnels du secteur n’est pas spécifiée non plus.

Agriculture

Agriculture

Agriculture

snbc agricultureL’agriculture est le 2ème poste d’émission de GES en France (19% avec 86,0 Mt CO2eq ). Si on y ajoute les émissions liées à la transformation agro-alimentaire, l’alimentation représente 24% du total de nos émissions. Celles-ci sont principalement liées à l’élevage bovin, à l’utilisation de fertilisants azotés dans les cultures ainsi qu’à l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les tracteurs et chauffer les serres.
Pour atteindre les objectifs de décarbonation, le contenu de notre assiette doit être modifié (diminution des protéines animales, augmentation des protéines végétales) et le développement de l’agroécologie privilégié (réduction des intrants, optimisation du travail du sol, augmentation du carbone stocké dans les sols).

Rappel des orientations de la SNBC

  • Réduire les émissions directes et indirectes de N2O et CH4, en s’appuyant sur l’agro-écologie et l’agriculture de précision
  • Réduire les émissions de CO2 liées à la consommation d’énergie fossile et développer l’usage des énergies renouvelables
  • Développer la production d’énergie décarbonée et la bioéconomie pour contribuer à la réduction des émissions de CO2 françaises, et renforcer la valeur ajoutée du secteur agricole
  • Stopper le déstockage actuel de carbone des sols agricoles et inverser la tendance, en lien avec l’initiative « 4p1000, les sols pour la sécurité alimentaire et le climat »
  • Influencer la demande et la consommation dans les filières agroalimentaires en lien avec le Programme national de l’alimentation et de la nutrition (PNAN)
  • Améliorer les méthodologies d’inventaires et de suivi

Marine Le Pen annonce un plan de soutien à l’agriculture biologique, sans que le montant ni la nature de l’aide étatique soient précisés.

La consommation d’énergie pour transporter les marchandises agricoles est également abordée via un objectif minimal de produits français dans les cantines, un étiquetage annonçant l’origine des produits, et l’interdiction des importations de produits agricoles ne respectant pas les normes de production française.

Le programme propose une approche incitative concernant la réduction des phytosanitaires, tout en refusant les interdictions de phytosanitaires qui n’ont pas d’alternatives et en luttant contre la politique européenne en ce sens.
Toutefois, la candidate n’aborde pas des enjeux clés pour la décarbonation de l’agriculture : part des protéines animales dans les régimes alimentaires, utilisation d’engrais, consommation d’énergie des exploitations.

Dans l’ensemble, le programme couvre les objectifs de la SNBC pour ce secteur de façon partielle.

Présentation d’une mesure proposée pour ce secteur  :

Marine Le Pen propose d’interdire l’importation de matières premières agricoles destinées à produire de l’énergie ou du carburant.

 

Les avantages de la mesure en terme de décarbonation

Le risque de déforestation étant élevé pour certaines matières importées pour l’énergie (exemple: huile de palme), cette mesure peut contribuer à limiter cet effet.

 

Les inconvénients de la mesure en terme de décarbonation

La mesure peut entraîner l’augmentation du besoin de productions agricoles (oléagineux, betteraves) en France destinées aux biocarburants de première génération. Pour éviter les conflits d’usage entre filière alimentaire et énergétique, il conviendrait de n’autoriser la production de biocarburants qu’à partir de résidus de culture (2ème génération) qui n’est pas industriellement disponible.

Forêt

Forêt-Bois

Forêt-Bois

La forêt capte du carbone qui est ensuite stocké dans les sols et dans le bois. Celui-ci n’est libéré dans l’atmosphère que lorsque le bois est brûlé. La politique forestière peut contribuer à la décarbonation en développant les surfaces et la santé des forêts afin qu’elles captent plus de carbone, en développant l’utilisation du matériau bois principalement dans des usages à longue durée de vie comme la construction; et en réservant la valorisation énergétique aux coproduits, aux haies agricoles et aux produits en fin de vie.
Mais la forêt, qui constitue un refuge pour la biodiversité et un puits de carbone considérable, est menacée par le changement climatique. La gestion de nos forêts doit donc trouver le juste équilibre entre une exploitation optimale du bois et une politique de préservation de cet écosystème.

Rappel des orientations de la SNBC

  • En amont, assurer dans le temps la conservation et le renforcement des puits et des stocks de carbone du secteur forêt-bois, ainsi que leur résilience aux stress climatiques
  • Maximiser les effets de substitution et le stockage de carbone dans les produits bois en jouant sur l’offre et la demande
  • Evaluer la mise en œuvre des politiques induites et les ajuster régulièrement en conséquence, pour garantir l’atteinte des résultats et des co-bénéfices attendus

Dans son programme, Marine Le Pen ne mentionne pas la filière forêt-bois, à l’exception d’une mesure dans son livret Outre-mer, lorsqu’elle propose le renforcement de la lutte contre l’orpaillage illégal. Ce phénomène contribue en effet à 25% du défrichement en Guyane d’après la SNBC. Cette unique mesure contribuerait donc à préserver certaines surfaces forestières du défrichement. Elle ne s’inscrit cependant pas dans un ensemble de mesures répondant aux enjeux du secteur dont les renforcements de l’usage du bois dans des produits à longue durée de vie. Le programme de Marine Le Pen ne permet donc pas d’atteindre les objectifs fixés par la SNBC.

Industrie

Industrie

Industrie

snbc industrieLe secteur de l’industrie représente 17% des émissions nationales en 2017 (81 Mt CO2 eq), soit bien plus que son poids économique (un peu plus de 10% de la Valeur Ajoutée et des emplois en France).

C’est sur l’industrie lourde que pèse la part principale des efforts à mener. En effet, les trois secteurs que sont la chimie, la métallurgie et l’industrie des matériaux de construction représentent à eux seuls 60% des émissions du secteur.

La décarbonation du secteur industriel passe par la mise en œuvre de plusieurs leviers : la sobriété (réduction des emballages plastiques, optimisation des quantités de béton utilisées dans la construction neuve, etc.), le progrès continu (efficacité énergétique, utilisation de sources d’énergie alternatives, augmentation du recyclage, éco-conception, etc.) et la rupture technologique (recours à l’hydrogène produit par électrolyse pour produire des engrais azotés, mise en place du captage et stockage de CO2, etc.).

Rappel des orientations de la SNBC

  • Accompagner les entreprises dans leur transition vers des systèmes de production bas-carbone et le développement de nouvelles filières
  • Engager dès aujourd’hui le développement et l’adoption de technologies de rupture pour réduire et si possible supprimer les émissions résiduelles
  • Donner un cadre incitant à la maîtrise de la demande en énergie et en matières, en privilégiant les énergies décarbonées et l’économie circulaire

La candidate propose de relocaliser la production en France. L’impact potentiellement favorable sur le climat dépend du mix énergétique des pays d’origine des productions relocalisées. Néanmoins, le seul secteur explicitement mentionné est la production de médicaments, secteur aux émissions faibles dans le domaine industriel.

La candidate veut investir dans la filière hydrogène sans préciser s’il s’agit de décarboner l’industrie ou de le dédier aux applications de transport.
Parmi les mesures proposées, certaines ont un effet défavorable en encourageant des investissements dans les ressources fossiles.

Aucune précision n’est donnée, ni sur l’horizon temporel visé, ni sur les investissements technologiques et industriels nécessaires, ni sur les gains de GES en jeu, et les secteurs prépondérant dans les émissions de GES tels que la chimie, les matériaux de construction et l’acier ne sont pas mentionnés. Les objectifs de la SNBC concernant l’industrie sont donc couverts de façon limitée.

 

Présentation d’une mesure proposée pour ce secteur  :

Marine Le Pen propose d’investir dans les technologies de santé et de rapatrier la fabrication des médicaments.

 

Les avantages de la mesure en terme de décarbonation

Cette mesure de relocalisation va dans le bon sens dans la mesure où il s’agit de réduire les importations de médicaments à priori à plus fort contenu carbone que les mêmes médicaments fabriqués en France du fait du mix énergétique français. La relocalisation de la fabrication de certaines molécules stratégiques va dans le bon sens.

 

Les inconvénients de la mesure en terme de décarbonation

Cette mesure n’a pas d’inconvénient en soi mais est trop imprécise pour en quantifier les effets sur le climat.

Énergie

Production d’énergie

Production d’énergie

snbc énergieLe secteur de la production d’énergie est responsable d’environ 10% des émissions françaises de GES. En France, ces émissions sont essentiellement dues à la production d’électricité et de chaleur (plus de 50%), au raffinage du pétrole et au traitement des combustibles solides (charbon).

Si la production d’électricité française est peu carbonée par rapport à ses voisins européens en raison de son origine majoritairement nucléaire, sa décarbonation complète demeure un enjeu important, notamment dans un contexte de baisse de la part du nucléaire et de forte augmentation de la production issue d’énergies renouvelables.

Rappel des orientations de la SNBC

  • Décarboner et diversifier le mix énergétique notamment via le développement des énergies renouvelables (chaleur décarbonée, biomasse et électricité décarbonée)
  • Maîtriser la demande via l’efficacité énergétique et la sobriété et lisser la courbe de demande électrique en atténuant les pointes de consommation saisonnières et journalières
  • Préciser les options pour mieux éclairer les choix structurants de long terme, notamment le devenir des réseaux de gaz et de chaleur

Le programme de Marine Le Pen s’appuie sur la relance de la filière nucléaire, de l’hydroélectricité et sur le développement de la filière hydrogène, en contrepartie d’un arrêt total du recours à l’énergie éolienne et des subventions au photovoltaïque.

Aucune mesure relative à la mobilisation de la biomasse pour développer des agrocarburants et du biogaz ainsi que le développement de la méthanisation (Power-to-gas) n’est intégrée dans le programme.

Ces mesures sont en désaccord avec la SNBC qui recommande une diversification du mix électrique via le développement des énergies renouvelables et la mobilisation de la biomasse. Par ailleurs, RTE précise qu’aucun scénario en accord avec une trajectoire SNBC ne pourra se passer d’un fort développement des renouvelables, éolien et photovoltaïque en tête.
De plus, de l’aveu même de la filière nucléaire, la part du nucléaire dans le mix électrique ne pourra que décliner d’ici à 2050, même dans un scénario de relance maximale .

Le développement des filières hydroélectrique et hydrogène est déjà engagé (SNBC, PPE ) et fait face à des contraintes : le potentiel de développement de l’hydroélectrique en France est très limité. Enfin, l’hydrogène, qui est un vecteur énergétique, ne pourra être décarboné que si l’électricité servant à le produire est elle-même décarbonée, ce qui n’est pas précisé dans le programme de la candidate.

De manière générale, les mesures annoncées manquent de précision tant au niveau des modalités de mise en œuvre, de financement que de la temporalité.

Le programme ne fait aucune proposition de maîtrise de la demande en énergie via l’efficacité énergétique et la sobriété. A contrario, une proposition visant à baisser la TVA sur toutes les énergies (fossiles et électricité) est envisagée, ce qui pourrait entraîner un accroissement de la consommation dû à une plus grande accessibilité.

Présentation d’une mesure proposée pour ce secteur  :

La mesure phare de Marine Le Pen consiste à relancer des filières nucléaire et hydroélectrique ainsi qu’un investissement dans la filière hydrogène.
L’impact de cette mesure est impossible à estimer par manque de détails sur la trajectoire souhaitée et sa mise en œuvre. Le nucléaire est de nature à réduire les émissions de GES s’il vient se substituer à des énergies fossiles, via l’électrification des usages. Néanmoins, dans un scénario d’augmentation globale de la consommation d’électricité, la part que pourra occuper le nucléaire dans le mix électrique à horizon 2050 sera plus faible qu’aujourd’hui, compte-tenu du vieillissement du parc actuel et des capacités limitées de la filière nucléaire. Il est donc peu probable que la relance du nucléaire seule ait un réel impact de réduction des émissions de GES.
Aussi, les capacités de développement hydroélectrique étant très limitées, une trajectoire de réduction des émissions de GES du secteur énergétique ne pourra tabler que marginalement sur le développement de la capacité hydroélectrique.
Enfin, l’hydrogène est un vecteur énergétique qui ne pourra être décarboné que s’il est produit à partir d’énergie primaire décarbonée.

 

Les avantages de la mesure en terme de décarbonation

Comme précisé par RTE, l’utilisation du nucléaire (via le parc existant voire le développement de nouveaux réacteurs de 3e génération à moyen terme) dans une trajectoire de réduction des GES compatible avec la SNBC est à même d’augmenter les chances d’atteindre les objectifs de décarbonation, notamment à moyen terme.

 

Les inconvénients de la mesure en terme de décarbonation

Comme indiqué ci-dessus, les énergies nucléaires et hydroélectriques seront insuffisantes en tant que telles pour assurer la demande en électricité.

 

Déchets

Déchets

Déchets

snbc déchetsLe secteur des déchets représente environ 3% des émissions GES nationales dont une très grande partie est liée à l’émission de méthane par l’enfouissement des déchets et les installations de traitement d’eau usées. Au-delà des GES, la limitation de la production de déchets a des effets positifs sur d’autres secteurs (bâtiment, industrie etc) et initie un mouvement vers une société bas carbone sobre et circulaire.

Rappel des orientations de la SNBC

  • Inciter l’ensemble des acteurs à une réduction de leurs déchets
  • Inciter les producteurs à prévenir la production de déchets dès la phase de conception des produits
  • Améliorer la collecte et la gestion des déchets en développant la valorisation et en améliorant l’efficacité des filières de traitement

Marine Le Pen n’a pas prévu de mesures pour le secteur des déchets.

Cette analyse se fonde sur le programme écrit et présenté sur le site de campagne avant le 20 mars.