Forêt – bois

Les enjeux du secteur 

Le secteur forêt-bois constitue non pas une source nette d’émissions, mais un puits de carbone. En effet, lors de sa croissance, par le mécanisme de photosynthèse, un arbre est capable de séquestrer du CO2 : ce carbone est stocké tout au long de la vie de l’arbre, puis il est rejeté dans les sols et où dans l’atmosphère en fin de vie, soit naturellement lors de la décomposition du bois mort, soit du fait de l’action de l’homme lorsque le bois est brûlé.

En France, on estime que la forêt stocke de l’ordre de 11 % des émissions de gaz à effet de serre nationales (chiffre de l’année 2017 issu de la SNBC). Ce phénomène de stockage de carbone, en apparence naturel, est fortement impacté par les activités humaines : le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité représentent une très forte menace sur la bonne santé des forêts, et donc leur capacité à stocker du carbone de manière durable. Par ailleurs, le prélèvement de bois pour l’utiliser dans l’industrie ou dans le bâtiment doit se faire de manière encadrée. Enfin, la combustion de bois pour produire de la chaleur ou de l’électricité, contribue à augmenter les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, par rapport à un scénario où on aurait laissé le bois se décomposer en forêt.

Trois leviers sont activables pour que la forêt joue un rôle maximal dans la décarbonation :

  • Il est primordial de prélever le bois au bon moment et dans des quantités limitées pour maintenir à son niveau actuel voir augmenter le stockage de carbone dans les forêts. Les prélèvements conduisent à trois types d’usage, qui seront envisageables ou non selon la qualité du bois récolté : le bois d’œuvre, le bois industrie et le bois énergie.
  • Le bois d’œuvre mobilise un bois de qualité suffisante pour être transformé dans des scieries/menuiseries avant d’être utilisé dans divers secteurs dont le bâtiment, en substitut à d’autres matériaux plus carbonés. La forêt produit d’autres ressources en bois de qualité moindre, qui peuvent être exploitées par la filière pour d’autres usages : d’une part, le bois industrie, principalement utilisé pour la fabrication de panneaux ou la pâte à papier ; d’autre part, le bois énergie qui permet de transformer le bois en chaleur voir en électricité, par combustion. Pour que le carbone stocké dans le bois prélevé soit relâché dans l’atmosphère le plus tard possible, il faut donc envisager d’utiliser le bois dans des produits à longue durée de vie et éviter l’utilisation de bois d’œuvre pour fournir de l’électricité ou de la chaleur.
  • Comme expliqué précédemment, le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité rendent très vulnérables les forêts. Il faut donc renforcer les efforts en termes de recherche sur ces sujets pour améliorer les connaissances scientifiques et faire émerger de potentielles solutions permettant de mitiger les risques.
  • La filière forêt et bois regroupe une multitude d’acteurs et ses enjeux sont au coeur de différents programmes (SNBC, Stratégie nationale bioéconomie, programme national de la forêt et du bois, stratégie nationale pour la biodiversité, plan d’action interministériel forêt-bois, programmation pluriannuelle de l’énergie…). Par ailleurs certains de ces acteurs à commencer par l’Office National des Forêts ont fait l’objet de coupes budgétaires au cours des dernières années. Il faudrait plutôt renforcer les effectifs et les financements, mieux structurer la filière afin de faire émerger des synergies entre acteurs, et notamment chercher à améliorer la gestion des forêts privées qui représentent 75% de la surface forestière.

Les positions des candidats quant à la décarbonation du secteur

Le secteur forêt-bois est globalement peu voire pas du tout couvert dans les programmes des différents candidats.

Cinq candidats évoquent ce secteur à travers une mesure très générale, trop peu précise, mentionnant une volonté de mettre en place une stratégie forestière ou de renforcer les institutions de gouvernance mais sans en préciser la vision.

Pour trois candidats, certaines mesures viennent toutefois parfois préciser leur vision sur ce secteur avec par exemple une réglementation sur les coupes rases et/ou sur la diversification des essences. La volonté d’augmenter l’exploitation des forêts privées se retrouve quant à elle dans plusieurs programmes mais s’illustre de façon différente selon les candidats via des approches tantôt réglementaires tantôt incitatives.

Le renforcement de la filière est également évoqué par seulement trois candidats de même que l’incitation à l’usage du bois comme matériau dans les bâtiments. La réglementation de l’usage du bois dans l’énergie est également abordée par deux candidats uniquement.

Les leviers absents des programmes

Globalement, les candidats proposent donc une vision partielle des enjeux du secteur forêt bois, qui ne sont pas à la hauteur de l’enjeu du stockage de CO2. Les quelques mesures proposées manquent de précision et a fortiori d’ambition. Par ailleurs, aucun candidat n’a mentionné l’importance de soutenir la recherche pour nous permettre d’améliorer nos connaissances sur l’état de la forêt et sa capacité à s’adapter aux modifications du climat.

Retrouvez l’analyse et les propositions faites dans le cadre du Plan de Transformation de l’Économie Française du Shift Project pour ce secteur sur leur site.