Déchets

Les enjeux du secteur 

Le secteur des déchets représente 14,6 Mt CO2eq en 2017 soit 3% des émissions GES nationales dont une très grande partie est liée à l’émission de méthane par l’enfouissement des déchets et les rejets consécutifs aux installations de traitement d’eau usées.

Au niveau national, les volumes de déchets toutes catégories confondues (ménages, entreprises et bâtiment), sont en baisse depuis quelques années seulement[1].

70% du volume des déchets produits en France provient du secteur du bâtiment.  66% des déchets sont recyclés (notamment par remblayage des déchets du bâtiment qui présentent une part majoritaire des déchets), 28% sont éliminés (mise en décharge) et 6% sont valorisés sous forme d’énergie ou de chaleur. Plusieurs filières de recyclage présentent des taux de matières réinjectées satisfaisants à l’instar de celles concernant le papier, les métaux ou le verre.

Plusieurs leviers, dont certains sont déjà couverts pour certains par les réglementations en vigueur, sont activables afin de réduire l’impact des déchets :

  • la lutte contre le gaspillage notamment alimentaire,
  • une mise en avant de l’économie circulaire grâce à l’amélioration de la réparabilité, l’incitation au réemploi,
  • l’augmentation de la responsabilité des producteurs à supporter les coûts de collecte et de traitement et enfin en ayant recours à l’élimination en dernier ressort,
  • la collecte séparée des bio déchets pour valorisation organique (compostage ou méthanisation) en 2024 afin d’éviter les émissions de méthane consécutives à l’enfouissement de ces matières organiques,
  • L’optimisation des centres de tris et des modes de collecte,
  • La lutte contre les émissions de GES des installations de traitement d’eau et le captage du biogaz dans les installations de stockage,
  • Une meilleure information de toutes les parties prenantes et une meilleure synérgie entre les différents secteurs contributeurs, notamment celui du bâtiment.

[1] Déchets chiffres-clés Édition 2020 ADEME

 

Les positions des candidats quant à la décarbonation du secteur

Le secteur des déchets est traité de manière inégale par les candidats. Un peu moins de la moitié d’entre eux proposent ainsi des solutions pour ce secteur.

Certains candidats visent ainsi une réduction de la production de déchets à la source via le renforcement de l’éco-conception, ou la lutte contre l’obsolescence programmée parfois accompagnée d’une incitation fiscale ou par la commande publique pour favoriser l’utilisation de matière recyclée.

Enfin, plusieurs candidats mentionnent aussi la collecte séparée des déchets organiques, pourtant déjà prévue par la loi en 2024.

La consigne demeure un moyen encore plus efficace que le recyclage pour la réduction des émissions et sa mise en œuvre ne présente pas de défi technologique mais de logistique. Pourtant peu de candidats proposent de rétablir cette approche.

Les leviers absents des programmes

Plusieurs candidats évoquent un meilleur recyclage, en particulier du plastique, mais aucun n’évoque des matières spécifiques très émettrices de GES, telle que l’acier qui est généralement exporté dans des pays au mix énergétique plus carboné pour se faire transformer.

Aucun des candidats ne se positionne sur le captage et la valorisation énergétique des émissions de méthane issues des décharges ou des installations de traitement d’eau, qui sont très majoritairement à l’air libre. 

De plus, aucun candidat ne propose le renforcement des obligations concrètes qui concernent aujourd’hui les producteurs de déchets, notamment à travers les filières REP (responsabilité élargie du producteur).

Enfin, la complexité du recyclage visant la réutilisation matière provient en partie du maillage territorial entre les différentes installations. Les installations de tri et de recyclage entrent en effet parfois en compétition avec des installations industrielles existantes qui valorisent déjà ces déchets souvent sous forme énergétique. Cela rend complexe l’application d’une véritable politique plus ambitieuse. La mise en place d’un espace de gouvernance afin de faire se rencontrer les différents acteurs du recyclage pour éviter les conflits d’usage est bien souvent un angle mort du programme des candidats.

Mais dans le secteur des déchets, plus que les angles morts, c’est le manque d’ampleur des mesures proposées qui doit être noté : que ce soit pour tendre vers 100% de recyclage des plastiques des 2025, les objectifs de tri généralisés, ou pour que l’économie circulaire devienne une réalité.

Retrouvez l’analyse et les propositions faites dans le cadre du Plan de Transformation de l’Économie Française du Shift Project pour ce secteur sur leur site.