Jean LASSALLE
Synthèse de la couverture de la SNBC par le programme
Le programme de Jean Lassalle couvre très partiellement les orientations de la SNBC mais ne s’inscrit pas dans une trajectoire de décarbonation de l’économie française. En raison d’un manque de mesures chiffrées et d’horizon temporel, son analyse est difficile.
Le programme comporte plusieurs axes cohérents avec la SNBC en matière de décarbonation :
- Concernant le mix électrique, le candidat souhaite prolonger les centrales nucléaires en fin de vie, investir dans les centrales de 4ème génération ainsi que dans le projet de fusion tout en faisant l’impasse sur la 3eme génération. Il souhaite également développer les énergies renouvelables (solaire, houle), sauf l’éolien qu’il souhaite stopper.
- Son souhait de réindustrialiser la France peut entraîner une décarbonation dans la mesure où le mix énergétique français est moins carboné que celui de bon nombre de nos partenaires commerciaux.
- Le candidat souhaite développer un maillage géographique plus fin des services, comme la santé, ce qui diminuerait les trajets associés.
- Étendre la gratuité des transports publics est une mesure potentiellement favorable à la décarbonation même si l’impact dépend également du développement des transports en commun.
- La proposition d’instaurer un “ticket paysan”, sur le modèle des « tickets-restaurants » en faveur des agriculteurs locaux et régionaux favorise l’émergence de circuits courts.
Cependant, le programme comporte aussi des lacunes au regard de la SNBC :
- Des secteurs entiers sont entièrement absents du programme (déchets, forêt-bois, éducation-sensibilisation, emploi)
- Les mobilités douces, la production et consommation de produits carnés, ou encore la rénovation énergétique des bâtiments ne sont pas mentionnés.
- Le candidat ne propose pas de mesure spécifique à la décarbonation du secteur industriel français, en particulier pour les filières de l’industrie lourde que sont la chimie, la sidérurgie et le ciment-béton.
A l’opposé, le programme comporte également des mesures allant à l’encontre de la SNBC :
- La proposition de baisser la TVA sur les hydrocarbures tend à maintenir, voire augmenter la consommation des produits carbonés.
- La stratégie de réindustrialisation portée par un « plan Marshall » et des « zones franches » dans des communes est potentiellement très consommatrice d’espace et porteuse d’artificialisation.
La sobriété n’est jamais évoquée par le candidat.
En conclusion, la décarbonation et les questions climatiques n’est pas à l’ordre du jour du programme du candidat. Les principaux secteurs producteurs d’émissions de gaz à effet de serre ne sont pas adressés par les mesures préconisées par Jean Lassalle.
Focus par secteurs et mesures phares
Orientations transversales
Gouvernance et mise en œuvre
Gouvernance et mise en œuvre
Rappel des orientations de la SNBC
- Assurer la cohérence de l’ensemble des politiques publiques nationales avec la stratégie nationale bas-carbone
- Développer des modalités de gouvernance facilitant la mise en œuvre territoriale de l’objectif de neutralité carbone
- Développer une offre de données permettant la comparaison des trajectoires de transition territoriales avec la trajectoire nationale
Le programme de Jean Lassalle prend en considération l’importance de renforcer le rôle des collectivités territoriales, sans pour autant l’associer aux objectifs de décarbonation. À l’échelle nationale, rien n’est proposé pour renforcer la cohérence ou l’évaluation de l’ensemble des politiques publiques nationales vis-à-vis des objectifs de décarbonation conformément aux orientations de la SNBC. Jean Lassalle n’aborde donc pas réellement les enjeux de gouvernance soulevés par la SNBC.
Empreinte-Carbone
Empreinte-Carbone
Pour mémoire, en 2018 l’empreinte carbone est 1,8 fois plus importante que les émissions territoriales avec une tendance à l’augmentation des émissions importées, au contraire des émissions territoriales qui diminuent.
Rappel des orientations de la SNBC
- Mieux maîtriser le contenu carbone des produits importés
- Encourager tous les acteurs économiques à une meilleure maîtrise de leur empreinte carbone
Jean Lassalle ne fait aucune proposition concernant la prise en compte de la dimension climatique par les acteurs internationaux.
La seule mesure pouvant s’y rapporter – de façon indirecte et limitée – est celle visant à retirer à la Commission européenne la mission de représenter la France dans les négociations de traités économiques internationaux et d’interrompre lesdites négociations. Il est difficile d’anticiper les effets de cette mesure.
Jean Lassalle ne propose pas d’initiative qui permettrait d’aller dans le sens d’une tarification mondiale du carbone telle que préconisée par la SNBC, et qui s’appliquerait donc plus généralement à tous les acteurs, partenaires de la France ou non.
Jean Lassalle souhaite réindustrialiser la France, ce qui implique – sans le spécifier explicitement – la relocalisation de productions actuellement réalisées à l’étranger. Ces mesures peuvent avoir un impact positif sur l’empreinte carbone de part le mix énergétique français moins carboné que celui de nos partenaires commerciaux. Toutefois, il fait l’impasse sur un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, disposition qui pourrait pourtant favoriser les productions locales.
Enfin, l’évaluation de l’empreinte carbone par les acteurs publics ou privés ou encore la sensibilisation des citoyens à cet enjeu ne sont pas évoquées.
Les mesures proposées ne permettent donc pas de satisfaire les orientations de la SNBC.
Politique Économique
Politique Économique
L’Institut de l’Economie pour le Climat (I4CE) évalue à 45,7 Mds€ les dépenses d’investissements publics et privés en faveur du climat en France en 2018 et estime que 32 à 41 Mds€ supplémentaires par an seraient nécessaires pour atteindre le budget carbone pour la période 2024-2028.
Rappel des orientations de la SNBC
- Adresser les bons signaux aux investisseurs, notamment en termes de prix du carbone, et leur donner la visibilité nécessaire sur les politiques climatiques
- Assurer une transition juste pour tous
- Soutenir les actions européennes et internationales en matière de finance et de prix du carbone cohérents avec l’accord de Paris
- Favoriser les investissements dans des projets favorables à la transition bas-carbone, en développant les outils financiers permettant de limiter la prise de risque des investisseurs et en définissant des critères robustes pour déterminer quels sont les projets favorables à la transition bas-carbone.
- Développer l’analyse des impacts climatiques des actions financées par les fonds publics et des politiques publiques, afin d’en faire un critère de décision. S’assurer que les actions contraires à l’atteinte de nos objectifs climatiques ne bénéficient pas de financement public.
Jean Lassalle n’utilise pas les leviers proposés par la SNBC pour réorienter les flux financiers publics et privés vers une transition écologique et solidaire.
Aucune proposition ne promeut les investissements favorables aux projets de transition vers une économie bas-carbone, à l’exception d’une volonté d’investissement dans le nucléaire et les énergies renouvelables hors éolien.
La suppression des soutiens financiers publics et privés aux projets allant à l’encontre de la réduction des émissions est absente. Aucune mesure ne vient renforcer les actions européennes ou internationales favorables au climat, ni en proposer de nouvelles.
Le candidat veut préserver le pouvoir d’achat des ménages (gratuité ou tarifs préférentiels pour les transports publics, maîtrise du prix de l’eau et l’électricité) mais ses propositions n’incitent pas les citoyens à modifier leurs comportements pour réduire les émissions de GES. A l’opposé, il propose une baisse de la TVA sur les hydrocarbures (baisse de 20% à 5,5%), qui renforce l’attractivité par le prix des énergies carbonées. En l’état, les propositions du candidat sont donc antagonistes aux leviers économiques proposés par la SNBC.
Recherche et Innovation
Recherche et Innovation
Rappel des orientations de la SNBC
- Développer les innovations bas-carbone et faciliter leur diffusion rapide, en s’appuyant sur la recherche fondamentale et appliquée
Les mesures liées à la recherche et l’innovation pertinentes pour la Stratégie Nationale Bas Carbone du programme de Jean Lassalle sont liées à la recherche sur des moyens de production d’électricité.
Il souhaite développer la recherche pour les réacteurs nucléaires de quatrième génération (programme ASTRID) et investir dans la recherche en fusion nucléaire, notamment le projet ITER. De plus, le candidat propose de développer la recherche fondamentale sur l’énergie photovoltaïque afin de vérifier sa viabilité et sa rentabilité.
Enfin, le candidat souhaite aussi orienter la recherche vers l’énergie de la mer (houle, écart thermique entre la surface et les grands fonds…). Bien que ces axes de recherche soient cohérents avec le besoin de production d’énergie bas carbone, ils ne couvrent l’ensemble des enjeux en recherche et développement présents dans la SNBC que de façon limitée, notamment sur les questions de transports et de décarbonation de l’industrie.
Urbanisme et Aménagement
Urbanisme et Aménagement
Rappel des orientations de la SNBC
- Contenir l’artificialisation des sols et réduire les émissions de carbone induites par l’urbanisation
Jean Lassalle souhaite rééquilibrer les territoires en redynamisant notamment les campagnes via diverses mesures (redéfinition de régions-provinces et d’intercommunalités « à taille humaine », circuit court, désenclavement numérique). Cette approche pourra aussi bien contribuer à réduire les besoins de déplacement quotidiens, en rapprochant habitat et activité économique, qu’engendrer de l’artificialisation des sols.
Par ailleurs, la stratégie de réindustrialisation portée par un « plan Marshall » dans le programme du candidat et la définition de « zones franches » dans des communes présentent un risque de forte consommation d’espace et d’artificialisation des sols.
Aucune mesure territoriale ou d’aménagement spécifique n’est donc explicitement abordée dans le programme de Jean Lassalle vis à vis de la décarbonation.
Education et sensibilisation
Education et sensibilisation
Rappel des orientations de la SNBC
- Enrichir et partager une culture du « bas-carbone »
- Accompagner les citoyens dans leur propre transition bas-carbone
- S’assurer de l’acceptabilité sociale des mesures de politique publique découlant de la SNBC
Jean Lassalle ne prévoit pas de mesure pour éduquer et sensibiliser les citoyens ou les accompagner dans leur transition bas-carbone.
Emploi et Formation Professionnelle
Emploi et Formation Professionnelle
Rappel des orientations de la SNBC
- Encourager une meilleure intégration des enjeux de la transition bas-carbone par les branches, les entreprises et les territoires pour favoriser les transitions et reconversions professionnelles et le développement des emplois de demain
- Adapter l’appareil de formation initiale et continue pour accompagner la transformation des activités et des territoires
De manière générale, l’impact des mesures sur la création d’emploi est rarement évoqué, de même pour ce qui concerne les baisses d’activités inévitables engendrées par les transformations annoncées.
En ce qui concerne la question de la formation initiale préconisée par la SNBC, rien n’est mentionné. De même pour la reconversion des employés des secteurs impactés par la transformation, porté par les orientations de la SNBC.
Orientations sectorielles
Transports
Transports
Le secteur des transports est le premier émetteur de GES en France (environ un tiers des émissions). Ce secteur présente une grande dépendance au pétrole (95% de sa consommation).
Pour décarboner le secteur, qui englobe à la fois le transport de voyageurs et de marchandises, les mesures liées à la technologie (électrification ou passage à des carburants bas carbone) ne suffiront pas. Des mesures d’efficacité énergétique des véhicules et de sobriété (limitation de l’augmentation de la demande, utilisation des transports en commun, du covoiturage, du vélo…) devront être combinées pour atteindre cet objectif.
Rappel des orientations de la SNBC
- Donner au secteur des signaux prix incitatifs
- Fixer des objectifs clairs et cohérents avec les objectifs visés pour la transition énergétique des parcs
- Accompagner l’évolution des flottes pour tous les modes de transport
- Soutenir les collectivités locales et les entreprises dans la mise en place d’initiatives innovantes
- Encourager au report modal en soutenant les mobilités actives et les transports massifiés et collectifs (fret et voyageurs) et en développant l’intermodalité
- Maîtriser la hausse de la demande de transport
Le programme de Jean Lassalle comporte une seule mesure concernant les transports. Elle porte sur la baisse des tarifs (voire la gratuité) des transports en commun, qui est insuffisante pour garantir un report modal depuis la voiture en l’absence d’un fort développement de l’offre (couverture, fréquence, sécurité, confort, intermodalité…). En ne proposant aucun des autres leviers évoqués par la SNCB, le candidat n’aborde pas les enjeux inhérents aux transports.
Bâtiments
Bâtiments
Le secteur résidentiel/tertiaire a émis à hauteur de 19% des émissions nationales, et 28% en considérant les émissions liées à la production d’énergie consommée dans les bâtiments.
Rappel des orientations de la SNBC
- Guider l’évolution du mix énergétique sur la phase d’usage des bâtiments existants et neufs vers une consommation énergétique totalement décarbonée
- Inciter à une rénovation de l’ensemble du parc existant résidentiel et tertiaire afin d’atteindre un niveau BBC équivalent en moyenne sur l’ensemble du parc
- Accroître les niveaux de performance énergie et carbone sur les bâtiments neufs dans les futures réglementations environnementales
- Viser une meilleure efficacité énergétique des équipements et une sobriété des usages
Jean Lassalle ne propose qu’une mesure en lien avec le secteur du bâtiment. Il s’agit de “favoriser la transformation des granges et fermes abandonnées en logements (…), en industries adaptées ou en lieux culturels”. Cette mesure favorise la réutilisation du bâti existant plutôt que de nouvelles constructions. Cependant, il est difficile d’évaluer l’impact de la mesure étant donné que ni les investissements, ni l’échelle temporelle ne sont détaillées. En outre, l’incidence de cette mesure est très faible au regard des mesures préconisées par la SNBC telle que la rénovation énergétique des bâtiments qui permettrait d’atteindre la neutralité carbone du secteur. Les enjeux liés aux bâtiments ne sont donc pas abordés par le candidat.
Agriculture
Agriculture
L’agriculture est le 2ème poste d’émission de GES en France (19% avec 86,0 Mt CO2eq ). Si on y ajoute les émissions liées à la transformation agro-alimentaire, l’alimentation représente 24% du total de nos émissions. Celles-ci sont principalement liées à l’élevage bovin, à l’utilisation de fertilisants azotés dans les cultures ainsi qu’à l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les tracteurs et chauffer les serres.
Pour atteindre les objectifs de décarbonation, le contenu de notre assiette doit être modifié (diminution des protéines animales, augmentation des protéines végétales) et le développement de l’agroécologie privilégié (réduction des intrants, optimisation du travail du sol, augmentation du carbone stocké dans les sols).Rappel des orientations de la SNBC
- Réduire les émissions directes et indirectes de N2O et CH4, en s’appuyant sur l’agro-écologie et l’agriculture de précision
- Réduire les émissions de CO2 liées à la consommation d’énergie fossile et développer l’usage des énergies renouvelables
- Développer la production d’énergie décarbonée et la bioéconomie pour contribuer à la réduction des émissions de CO2 françaises, et renforcer la valeur ajoutée du secteur agricole
- Stopper le déstockage actuel de carbone des sols agricoles et inverser la tendance, en lien avec l’initiative « 4p1000, les sols pour la sécurité alimentaire et le climat »
- Influencer la demande et la consommation dans les filières agroalimentaires en lien avec le Programme national de l’alimentation et de la nutrition (PNAN)
- Améliorer les méthodologies d’inventaires et de suivi
Les mesures proposées par Jean Lassalle n’abordent pas les enjeux clés pour la décarbonation de l’agriculture : part des protéines animales dans les régimes alimentaires, développement de l’agro-écologie, consommation d’énergie des exploitations. Seule la thématique de la consommation d’énergie pour transporter les marchandises agricoles est couverte par des mesures favorables aux circuits courts.
Forêt-Bois
Forêt-Bois
La forêt capte du carbone qui est ensuite stocké dans les sols et dans le bois. Celui-ci n’est libéré dans l’atmosphère que lorsque le bois est brûlé. La politique forestière peut contribuer à la décarbonation en développant les surfaces et la santé des forêts afin qu’elles captent plus de carbone, en développant l’utilisation du matériau bois principalement dans des usages à longue durée de vie comme la construction; et en réservant la valorisation énergétique aux coproduits, aux haies agricoles et aux produits en fin de vie.
Mais la forêt, qui constitue un refuge pour la biodiversité et un puits de carbone considérable, est menacée par le changement climatique. La gestion de nos forêts doit donc trouver le juste équilibre entre une exploitation optimale du bois et une politique de préservation de cet écosystème.Rappel des orientations de la SNBC
- En amont, assurer dans le temps la conservation et le renforcement des puits et des stocks de carbone du secteur forêt-bois, ainsi que leur résilience aux stress climatiques
- Maximiser les effets de substitution et le stockage de carbone dans les produits bois en jouant sur l’offre et la demande
- Evaluer la mise en œuvre des politiques induites et les ajuster régulièrement en conséquence, pour garantir l’atteinte des résultats et des co-bénéfices attendus
Jean Lassalle ne propose pas de mesures concernant ce secteur.
Industrie
Industrie
Le secteur de l’industrie représente 17% des émissions nationales en 2017 (81 Mt CO2 eq), soit bien plus que son poids économique (un peu plus de 10% de la Valeur Ajoutée et des emplois en France).
C’est sur l’industrie lourde que pèse la part principale des efforts à mener. En effet, les trois secteurs que sont la chimie, la métallurgie et l’industrie des matériaux de construction représentent à eux seuls 60% des émissions du secteur.
La décarbonation du secteur industriel passe par la mise en œuvre de plusieurs leviers : la sobriété (réduction des emballages plastiques, optimisation des quantités de béton utilisées dans la construction neuve, etc.), le progrès continu (efficacité énergétique, utilisation de sources d’énergie alternatives, augmentation du recyclage, éco-conception, etc.) et la rupture technologique (recours à l’hydrogène produit par électrolyse pour produire des engrais azotés, mise en place du captage et stockage de CO2, etc.).
Rappel des orientations de la SNBC
- Accompagner les entreprises dans leur transition vers des systèmes de production bas-carbone et le développement de nouvelles filières
- Engager dès aujourd’hui le développement et l’adoption de technologies de rupture pour réduire et si possible supprimer les émissions résiduelles
- Donner un cadre incitant à la maîtrise de la demande en énergie et en matières, en privilégiant les énergies décarbonées et l’économie circulaire
Jean Lassalle propose une seule mesure favorable en affichant l’objectif générique de réindustrialisation et donc sans doute de relocalisation de certaines industries.
Ces mesures peuvent avoir un impact positif sur l’empreinte carbone de part le mix énergétique français moins carboné que celui de nos partenaires commerciaux. L’impact sur les émissions de GES de ces mesures n’est pas quantifiable avec le peu de détails fournis par le candidat (aucune priorité définie).
Le candidat ne propose pas de mesure spécifique à la décarbonation du secteur industriel français, en particulier pour les filières de l’industrie lourde que sont la chimie, la sidérurgie et le ciment-béton. La couverture des objectifs de la SNBC est donc limitée.
Présentation d’une mesure proposée pour ce secteur :
Jean Lassalle souhaite “définir un plan Marshall pour la réindustrialisation de la France”.
Les avantages de la mesure en terme de décarbonation
La réindustrialisation est favorable pour la décarbonation en remplaçant l’empreinte carbone des importations par une empreinte carbone de l’industrie française, à priori inférieure à dans la mesure où l’électricité française est moins carbonée que celle utilisée dans les principaux pays producteurs de biens et équipements.
Les inconvénients de la mesure en terme de décarbonation
Cette mesure présente toutefois un risque de forte consommation d’espace et d’artificialisation des sols.
Production d’énergie
Production d’énergie
Le secteur de la production d’énergie est responsable d’environ 10% des émissions françaises de GES. En France, ces émissions sont essentiellement dues à la production d’électricité et de chaleur (plus de 50%), au raffinage du pétrole et au traitement des combustibles solides (charbon).
Si la production d’électricité française est peu carbonée par rapport à ses voisins européens en raison de son origine majoritairement nucléaire, sa décarbonation complète demeure un enjeu important, notamment dans un contexte de baisse de la part du nucléaire et de forte augmentation de la production issue d’énergies renouvelables.
Rappel des orientations de la SNBC
- Décarboner et diversifier le mix énergétique notamment via le développement des énergies renouvelables (chaleur décarbonée, biomasse et électricité décarbonée)
- Maîtriser la demande via l’efficacité énergétique et la sobriété et lisser la courbe de demande électrique en atténuant les pointes de consommation saisonnières et journalières
- Préciser les options pour mieux éclairer les choix structurants de long terme, notamment le devenir des réseaux de gaz et de chaleur
Le programme de Jean Lassalle prône un investissement dans le nucléaire, le solaire et les énergies marines, mais un désengagement franc dans l’éolien. Une partie des mesures proposées est très incertaine. Par exemple, l’investissement dans le nucléaire ne concerne pas le déploiement d’un parc d’EPR de 3e génération mais seulement une prolongation de 25 ans des réacteurs existants (mesure qui ne pourra très probablement s’appliquer qu’à une fraction du parc existant, cf. analyse plus détaillée ci-dessous) et un investissement dans la recherche de réacteurs de 4e génération et la fusion (dont l’industrialisation ne peut-être qu’à long terme dans l’état actuel des recherches).
Les propositions à propos des énergies marines concernent essentiellement des technologies peu matures, pour certaines encore à l’état de recherche (houle, écart thermique entre surface et grand fond).
Enfin, la volonté de Jean Lassalle de stopper l’éolien apparaît en contradiction avec tous les scénarios de décarbonation du mix énergétique récemment publiés , qui soulignent au contraire la nécessité de développer l’ensemble des énergies renouvelables. En l’état les propositions de Jean Lassalle concernant la production énergétique restent antagonistes aux enjeux soulevés par la SNBC.
Présentation d’une mesure proposée pour ce secteur :
Jean Lassalle propose de prolonger de 25 ans le parc nucléaire existant.
Sur les 56 réacteurs en activité en France, 36 auront dépassé l’âge de 60 ans en dans 25 ans, soit en 2047. Selon les expertises, la possibilité de dépassement d’un âge de 60 ans ne pourra concerner que quelques réacteurs et est dans tous les cas très incertaine. Ainsi, le scénario de référence de RTE retient une fermeture progressive des réacteurs entre 50 et 60 ans de durée de fonctionnement, qui ne laissera à horizon 2050 que 16 GW de capacité nucléaire. Toujours selon le scénario de référence, cette capacité décarbonée représenterait 13-14% de la production électrique annuelle totale. Sans volonté affichée d’un très fort développement des ENR, la France sera en déficit électrique fort.
Les impacts en réduction de CO2 en 2030 / 2050 :
Sans précisions supplémentaires sur les sources d’énergies complémentaires, ni sur les scénarios d’efficacité énergétique ou de sobriété portés par le candidat, il est impossible d’évaluer l’impact d’une telle mesure. Dans l’hypothèse d’une augmentation de la consommation électrique, en substitution d’autres énergies fossiles, le maintien de la production nucléaire à au moins 70% (bien qu’hautement improbable) serait favorable à une baisse des émissions de GES du secteur.
Les avantages de la mesure en terme de décarbonation
Le prolongement au-delà de 40 ans du parc nucléaire français est reconnu comme une mesure à même de faciliter la transition du système énergétique.
Les inconvénients de la mesure en terme de décarbonation
Cette mesure ne pourra de façon réaliste que concerner une faible fraction du parc.
Déchets
Déchets
Le secteur des déchets représente environ 3% des émissions GES nationales dont une très grande partie est liée à l’émission de méthane par l’enfouissement des déchets et les installations de traitement d’eau usées. Au-delà des GES, la limitation de la production de déchets a des effets positifs sur d’autres secteurs (bâtiment, industrie etc) et initie un mouvement vers une société bas carbone sobre et circulaire.
Rappel des orientations de la SNBC
- Inciter l’ensemble des acteurs à une réduction de leurs déchets
- Inciter les producteurs à prévenir la production de déchets dès la phase de conception des produits
- Améliorer la collecte et la gestion des déchets en développant la valorisation et en améliorant l’efficacité des filières de traitement
Jean Lassalle ne propose pas de mesures concernant ce secteur.